2016 01 29


Initiative VollGeld ou " monnaie pleine ".

MONNAIE PLEINEMONNAIE PLEINE

Monnaie pleine ? Mais pleine de quoi ?

A l'initiative d'une partie de sa population, la Suisse envisage une votation pour décider de cette éventuelle réforme bancaire et monétaire : la "monnaie pleine".

Le principe de base de cette " monnaie pleine " c' est que cette monnaie n'est plus produite par des banques privées, mais par un organisme d'état.

Le terme " monnaie pleine " laisse penser que cette monnaie serait pleinement garantie. Elle le serait donc avec un engagement de fonds propre de 100% de la part de l'organisme qui crée la monnaie, alors que, actuellement, les règles prudentielles produites par le comité de Bâle, prévoient que les banques disposent d'une garantie de seulement 8% de la monnaie créée (ratio cooke).

Mais contrairement à ce que son nom indique, cette initiative proposée sous le nom "monnaie pleine" envisage une monnaie créée, non plus avec 8 %, encore moins avec 100% mais avec 0% de garantie : aucun engagement de la part de l'émetteur de monnaie.

Dans ce modèle, la pleine garantie c'est l'état, autrement dit le contribuable.
Dans ce modèle on a donc un administratif qui décide de créer la masse monétaire par le crédit, et en cas de défaillance : ce sont les contribuables qui épongent 100% des pertes.

Rappelons que le principe "prudentiel" du ratio cooke, c'est que les actionnaires de la banque doivent éponger les défaillances à une hauteur minimum de 8% de la monnaie créée, après quoi, les fonds propres étant absorbées, la banque est liquidée et c'est la collectivité qui devra prendre le relai et éponger le reste : au pire les 92% restants.

Certes la monnaie pleine peut permettre de faire profiter la collectivité du produit de l'usure, mais elle fait supporter à cette collectivité l'intégralité des risques liés à des décisions auxquelles elle ne participe pas.

Le modèle bancaire avec son ratio cooke est loin d'être parfait, mais il a le mérite d'engager la responsabilité financière de celui qui crée la monnaie. Ce " garde fou " n'existe pas avec la " monnaie pleine ".

Le projet monnaie pleine ne précise pas clairement quel volume monétaire va être créé par la banque centrale. Selon certaines présentations, on peut comprendre que la banque centrale mettrait en circulation une fois pour toutes une masse monétaire d'un volume déterminé et figé.

Sur quelle base va t-on calculer ce volume ? L'évauation d'une masse monétaire permanente ne répond à aucune logique de l'économie réelle.
Mais admettons ! On introduit une masse monétaire fixe.
Qui va prêter cette monnaie et pour quelle raison ?
Pour inciter les détenteurs de cette monnaie à la faire circuler, il faut un taux d'intérêt motivant, ça veut dire : création périodique d'un surplus monétaire. Donc la masse devrait gonfler, mais si on dispose d'une masse fixe comment on fait ?
Seule solution : on pique dans la masse restante pour servir les intérêts à celui qui prête, et donc la masse se coagule au fil du temps chez les plus riches.

... jusqu'au jour où les quelques plus riches auront accumulé la totalité de la masse monétaire, et à partir de là ils ne pourront plus la prêter, car il ne restera plus de monnaie nulle part pour leur servir leurs intérêts : Fin de partie !


Apparemment les initiateurs du projet "monnaie pleine" cherchent essentiellement à sécuriser les dépôts monétaires sur les comptes bancaires, mais ils ne se préoccupent pas de l'impact d'un système monétaire sur l'économie réelle.

L'épargne monétaire est une épargne virtuelle. Si elle n'est pas liée à une économie réelle, elle n'a aucune valeur. Or, comme nous l'avons vu : le fait de thésauriser une monnaie la détache de l'économie réelle. La thésaurisation monétaire est toxique pour l'économie et contribue à l'affaiblir.


Pour sécuriser l'épargne populaire, il faut veiller à ce que l'économie réelle puisse fonctionner correctement et fournir à la population un outil d'épargne lié à cette économie réelle. Cette "monnaie pleine" ne permet rien de cela.



Conclusion :

Ce projet "monnaie pleine" peut faire fantasmer quelques rentiers Suisse, mais n'est évidemment pas une solution pour assainir l'économie.




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